À la fin des années 1980, Jean-François Chevrier organise deux expositions qui ont fait date : Une autre objectivité et Photo-Kunst. En montrant comment la photographie se définit dès son apparition comme un procédé d'enregistrement et comme un outil artistique, comme art et technique, il la situe, et l'art moderne avec elle, entre les beaux-arts et les médias. Il analyse alors la manière dont les artistes photographes s'emparèrent d'une forme historique, le tableau.
Quatre essais décrivent et discutent cette évolution historique, depuis les premiers débats sur le nouveau procédé jusqu'aux développements actuels de l'art documentaire. Ils sont accompagnés d'une série d'études monographiques. Les commentaires des travaux de Suzanne Lafont et Patrick Faigenbaum sont précédés d'une analyse des tentatives photographiques des peintres Bonnard et Matisse, et d'un texte sur le « vitalisme plastique » de Brassaï. L'étude substantielle du modèle photographique dans l'œuvre de Gerhard Richter et celle sur Bernd et Hilla Becher s'accompagnent de textes sur les photomontages de Josef Albers et John Heartfield. Deux essais sur Michelangelo Pistoletto, « artiste du miroir » et de la « reprise photographique », sont suivis d'une étude de l'œuvre documentaire et spéculative d'Ugo Mulas.